Les 172 ans de la formation : retour sur les grandes dates

Depuis plus de quatre décennies, le domaine de la formation professionnelle en France a connu de multiples réformes, avec une accélération notable ces quinze dernières années. La particularité du système français réside dans son mode de construction à double voie : la négociation collective entre les partenaires sociaux, concrétisée par un Accord National Interprofessionnel (ANI), suivie d’un projet de loi gouvernemental qui peut reprendre tout ou partie de l’ANI. Revenons sur les jalons majeurs de cette évolution.

1971 : Les premières fondations

L’ANI du 9 juillet 1970 et la loi du 16 juillet 1971 sont considérés comme les textes fondateurs de la formation professionnelle continue en France. Ils font suite aux événements de mai 1968, lorsque les partenaires sociaux ont décidé, dans les accords de Grenelle, d’intégrer la formation professionnelle des salariés dans la négociation collective. Ces textes introduisent la formation professionnelle continue dans le droit du travail, créent le congé individuel de formation pour les salariés et instaurent une obligation pour les entreprises de plus de 10 salariés de participer au financement de la formation.

2004 : Vers une formation tout au long de la vie

L’ANI de décembre 2003 et la loi de mai 2004 marquent un tournant en intégrant la notion de formation tout au long de la vie dans le code du travail. Ils visent à rendre la formation accessible à tous, tout au long de leur vie, et à réduire les inégalités d’accès à la formation. La loi introduit notamment le Droit Individuel à la Formation (DIF) et l’Allocation Formation, le contrat de professionnalisation, la période de professionnalisation et divers modes d’accès à la formation.

2009 : L’orientation et la formation tout au long de la vie

En 2009, l’ANI d’octobre et la loi de novembre visent à faire de la formation professionnelle un levier RH pour la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Ils insistent sur la professionnalisation et la sécurisation des parcours professionnels. La loi crée le droit à l’orientation, le Service Public de l’Orientation (SPO), le dispositif de Préparation Opérationnelle à l’Emploi (POE) pour les demandeurs d’emploi et le Fonds Paritaire de Sécurisation des Parcours Professionnels (FPSPP).

2014 : L’emploi et la démocratie sociale

L’ANI de décembre 2013 et la loi de mars 2014 visent à simplifier le cadre de la formation professionnelle et à réorienter les fonds de la formation vers ceux qui en ont le plus besoin. Ces textes introduisent notamment le Compte Personnel de Formation (CPF), le Conseil en Évolution Professionnelle (CEP), et la notion de qualité de la formation.

2016 : La “loi Travail”

La loi du 8 août 2016, dite “loi Travail”, bien que ne constituant pas une réforme de la formation, contient un volet formation important. Elle crée le Compte Personnel d’Activité (CPA), renforce le CEP et introduit des notions d’assouplissement dans l’alternance et la VAE, entre autres. 2018 : Liberté de choisir son avenir professionnel La loi de 2018, “pour la liberté de choisir son avenir professionnel”, représente la quatrième réforme majeure en l’espace de 14 ans. Son ambition est double : donner de nouveaux droits aux individus pour leur permettre de piloter leur vie professionnelle et inciter les entreprises à investir davantage dans les compétences de leurs salariés. Cette réforme comporte trois volets principaux : une réforme de la formation, une refonte de l’apprentissage et une réforme de l’assurance chômage. Le projet de loi a été présenté en Conseil des ministres le 27 avril 2018, après des négociations intensives et la production de plusieurs textes et rapports. Sa promulgation a eu lieu le 5 septembre 2018.

CONCLUSION

Depuis 1971, la formation professionnelle en France a connu de nombreux changements, avec pour objectif constant de répondre aux besoins des salariés et des demandeurs d’emploi, d’accompagner l’évolution professionnelle et de sécuriser les parcours professionnels. Les réformes successives ont cherché à construire un système de formation équilibré et accessible à tous, tout en impliquant à la fois les partenaires sociaux et le gouvernement. Ainsi, l’évolution de la formation professionnelle reflète non seulement l’évolution des besoins de la société et du marché du travail, mais aussi la volonté politique d’améliorer continuellement l’accès à la formation et la gestion des compétences en France.

Moyen âge
Maîtres compagnons

Une première forme d'apprentissage apparaît bien avant la période contemporaine. Elle se développe notamment à la fin du Moyen Âge où les maîtres compagnons transmettent leur savoir-faire aux apprentis dans le cadre de corporations. La loi du 14 juin 1791, dite loi "Le Chapelier", abolit les corporations et met fin à cette modalité de formation.

1851
Le maître et de l'apprenti.

La loi du 22 février 1851 crée le contrat d'apprentissage et donne une définition des obligations du maître et de l'apprenti.

1919
Loi "Astier"

La loi du 4 juillet 1919, dite loi "Astier", introduit la partie enseignement théorique de l'apprentissage.

1925
Taxe d’apprentissage

La loi de finances du 13 juillet 1925 institue la taxe d’apprentissage.

1959
Réforme Berthoin

L'ordonnance du 6 janvier 1959, dite "réforme Berthoin", prolonge l’instruction obligatoire jusqu’à l’âge de seize ans révolus (applicable à partir de 1967).

1971
Loi "Guichard
 
1986
Apprentissage
L'ordonnance du 16 juillet 1986 prolonge l’âge d’entrée en apprentissage jusqu’à 25 ans.
1983
Décentralisation
 
La loi du 7 janvier 1983 sur la décentralisation transfère de l’État aux régions certaines compétences en matière de formation professionnelle continue et d'apprentissage.
1987
Loi "Séguin"
La loi du 23 juillet 1987, dite loi "Séguin", consacre l'apprentissage comme une forme d'éducation alternée et l'étend à tous les diplômes ou titres homologués, quels que soient leurs niveaux
1992
Maître d'apprentissage
La loi du 27 juillet 1992 portant diverses dispositions relatives à l'apprentissage et à la formation professionnelle précise l'agrément du maître d'apprentissage.
1993
Lycées
La loi quinquennale du 20 décembre 1993 sur l’emploi et la formation professionnelle donne la possibilité d'ouvrir des sections d’apprentissage dans les lycées.
1996
Financement
La loi du 6 mai 1996 réforme le financement de l’apprentissage et instaure des subventions aux employeurs d’apprentis.
2002
Modernisation sociale
La loi du 27 février 2002, dite "de modernisation sociale", restreint l'exercice du droit de collecte de la taxe d'apprentissage aux seuls Octa agréés par l'État
2004
Développement de l’apprentissage
La loi de finances pour 2005 institue une contribution au développement de l’apprentissage (CDA) au profit des régions (0,18 % de la masse salariale qui s'ajoute au 0,5 % de la taxe d'apprentissage)
2005
Loi Borloo
La loi du 18 janvier 2005, dite "de programmation pour la cohésion sociale", portée par Jean-Louis Borloo, impose aux régions de signer des contrats d’objectifs et de moyens (COM) avec l’État, financés par le Fonds national de développement et de modernisation de l’apprentissage (FNDMA).
2006
Apprentissage junior
La loi du 31 mars 2006, dite "pour l’égalité des chances", propose un "apprentissage junior" (rapidement abrogé) et majore la taxe d'apprentissage pour les entreprises d'au moins 250 salariés qui ne respectent pas un certain quota d'alternants.
2009
Formation professionnelle
Aide individuelle à la formation (AIF)
La loi du 24 novembre 2009, relative à l’orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie, remplace la majoration de la taxe d'apprentissage pour les entreprises d’au moins 250 salariés qui ne respectent pas un quota d'alternants par la contribution supplémentaire à l'apprentissage (CSA).
2010
Plan de relance
Le plan de relance de l'alternance en réponse à la crise économique introduit une aide à l'embauche d'un apprenti supplémentaire pour les PME.
2011
Loi "Cherpion"
La loi du 28 juillet 2011 pour le développement de l'alternance et la sécurisation des parcours professionnels, dite loi "Cherpion", reprend les dispositions de l'accord national interprofessionnel du 7 juin 2011. Elle prévoit le statut de stagiaire de la formation professionnelle pour les jeunes en CFA sans employeur, et crée le dispositif d'initiation aux métiers en alternance (Dima) pour les jeunes dès 14 ans
2013
Contribution au développement de l’apprentissage
La loi de finances rectificative pour 2013 fusionne la taxe d'apprentissage et la CDA (contribution au développement de l’apprentissage).
2014
Collecte de la taxe d'apprentissage
La loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale modifie le processus de collecte et de redistribution de la taxe d'apprentissage.
2018
Pour la liberté de choisir son avenir professionnel
La loi du 5 septembre 2018, dite "Pour la liberté de choisir son avenir professionnel", transfère la compétence générale en matière d'apprentissage des régions à l’État et substitue au financement par subvention un financement au contrat.
 
Elle transforme les Opca en Opco chargés de gérer les contrats d'apprentissage, et crée France compétences qui pilote le nouveau système - en particulier le financement et la certification qualité Qualiopi qui s'applique aux CFA. La taxe d'apprentissage est fusionnée avec la contribution à la formation professionnelle dans une contribution unique à la formation professionnelle et à l'alternance.
 
2019
Pour une école de la confiance

La loi du 26 juillet 2019, dite "Pour une École de la confiance", introduit l’obligation de formation des jeunes âgés de 16 à 18 ans qui est notamment remplie lorsque le jeune est apprenti.

2021
Le plan Jeunes

Le plan Jeunes mis en place en réponse à la crise sanitaire introduit plusieurs mesures de soutien temporaires en matière d'apprentissage, en particulier une prime exceptionnelle à l'embauche d'apprentis et une période de six mois laissée aux jeunes formés en CFA pour trouver un employeur.



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