Loin de se cantonner à l’amélioration des supports d’une formation classique, les outils et usages numériques s’immiscent peu à peu au cœur de l’ingénierie pédagogique.

Plusieurs leviers y contribuent :

• la conversion progressive des formateurs, source d’émulation et de créativité.
• la création de «labs» associant acteurs traditionnels, startups, formateurs, ingénieurs, technologies numériques et neurosciences.
• l’exploitation des données massives (“big data”) qui ouvre également des perspectives intéressantes.

Les formations digitalisées ont tendance à s’émanciper des modalités pédagogiques traditionnelles pour ne plus seulement servir de substitut aux modes classiques d’exposition du savoir (diffusion « sèche » d’un « power point » ou d’une vidéo) et donner la pleine mesure de leur potentiel.

Les enseignements numériques seront source d’un inévitable renouvellement dans la façon de mettre en œuvre les apprentissages, les outils digitaux offrant une portée inédite à des pédagogies plus participatives longtemps réservées à un public restreint.

Les modes numérisés facilitent ainsi la pédagogie inversée (Flip learning), où les apprenants auront préalablement intégré des connaissances pour les approfondir ensuite dans un échange avec un formateur et un groupe de pairs.

La formation entre pairs n’est pas une nouveauté, mais les possibilités qu’elle offre sont singulièrement amplifiées par les outils numériques, permettant la mobilisation de classes virtuelles par exemple, ou la diffusion de captations sur le vif de savoir-faire techniques et professionnels, grâce à des outils de vidéos très légers comme Klaxoon, Wooclap.

En facilitant les démarches de positionnement initial des apprenants, en offrant une modularité dans les parcours, en permettant une auto-évaluation itérative, les nouvelles modalités numériques de la formation sont susceptibles de participer grandement à l’essor de pédagogies personnalisées et adaptatives.

L’atout par rapport à des formations plus standardisées réside dans cette capacité simplifiée de profilage des apprenants, permettant de cibler d’entretenir les facteurs de motivation.

La conception des scénarios d’apprentissage, dans le cadre du blended learning permettent à différents modes d’apprentissages de coexister et de combiner différentes formes d’appropriation du savoir généralement disjointes:

• une forme pédagogique classique valorisant « les produits de savoir ».
• une forme coopérative et artisanale.
• une forme autodidacte et nomade.

En diversifiant les ressources, les modes et les rythmes d’apprentissage, en « embarquant » des possibilités croissantes d’auto-évaluation, les parcours de formation numériques se dirigent vers une personnalisation croissante.

En 2012, le centre de formation de la profession bancaire a reçu le prix “Digital Excellence Awards” pour un dispositif hybride, mélangeant des modules d’apprentissage, synchrones et asynchrones, avec trois modalités possibles d’avancée pour l’utilisateur :

• guidée.
• accompagnée.

S’il est bien conçu, un parcours de Digital learning doit jalonner les étapes d’apprentissage de dispositifs d’auto-contrôle, par le biais de tests réguliers, accompagnés, de seuils pédagogiques au-delà desquels la progression est stoppée tant que les fondamentaux ne sont pas acquis.

Cette logique d’évaluation formative itérative encourage les élèves à progresser pour leur propre réussite, et reste moins stigmatisante qu’une évaluation finale (sommative) parfois décourageante.

Le numérique est susceptible d’inventer la pédagogie de demain, au-delà de la massification des innovations pédagogiques antérieures.